Trafiquer des Chinois !

Voici un des derniers instruments en date sortis de mon atelier. Il s’agit d’une commande de Benoît Chaudré, violoniste amateur doué, et ex-locataire d’un Neolin. Bien qu’il aimait beaucoup le son du Neolin et le look Urushi, il n’arrivait pas à se faire au changement des repères par rapport au violon classique.

Qu’à cela ne tienne, je lui ai proposé de marier le meilleur des deux mondes.

Pour cela, j’ai commandé un violon de la manufacture Chinoise “Kaiming” en blanc, première qualité. Arrivé à mon atelier, je l’ai ouvert et lui ai administré une “cure Neolin”: table affinée en haut et en bas, 4 barrettes de renfort en diagonale, nouvelle barre un peu plus costaude, pick-up. Puis une petite optimisation de l’angle de manche, refermeture de l’instrument, accuentation du relief des ondes du fond, et vernis Urushi noir sur rouge.

Voilà le résultat, que je trouve, en toute modestie, aussi beau que troublant.

Concernant les “bienfaits” du vernis Urushi, veuillez vous référer à l’article Vernis laque “Urushi”, En ce qui est du son, voici un enregistrement comparatif avec un bon violon classique, un J. Barbé monté avec des cordes Passione.

Il y a 2 x 2 petits passages sur les 4 cordes. A chaque fois, c’est d’abord le violon classique Barbé, puis le violon Kaiming modifié. Il va de soi que les conditions des 2 enregistrements sont parfaitement identiques.

La différence de timbre et de spectre sonore est frappante et va à mon avis au delà de ce qu l’on peut rencontrer entre 2 violons classiques, même assez différents. Tandis que le Barbé chante et brille, le Kaiming modifié groove et pulse. Si vous avancez que, sur les extraits enregistrés, le violon Barbé sonne mieux, je vous donne raison. En tout cas sur enregistrement, en live ce n’était pas si évident à juger. Mais cela n’est point le propos. J’ai déjà dit, et je repète, que le violon classique est un outil merveilleux pour jouer de la musique classique. Or, Monsieur Chaudré voudrait justement commencer à explorer d’autres styles – du folk, de l’Irlandais, du jazz. Et là, le timbre plus “groovy” dévelope tout son intérêt.

Et puis, n’oublions pas qu’il s’agit désormais d’un instrument électroacousique. Comme je l’explique dans l’analyse sonore, un instrument avec plus de timbre dans la fondamentale et les premières harmoniques (ce qui est le cas du Neolin et de ce Kaiming modifié), reste beaucoup plus fidèle à la sonorisation, tandis que le son très riches en harmoniques aigues du violon classique est rudement dénaturé.

Si vous voulez plus de renseignements sur cet instrument, ou sur ce qu’il est possible de faire à partir d’un instrument Chinois en blanc, n’hésitez pas à me contacter !

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