Distinctions

Je ne peux me vanter d’avoir remporté aucun concours de lutherie, et je n’ai aucune médaille ou certificat de mérite à mon actif.

Et pour cause : je ne participe pas aux concours de lutherie.

Car le but de ces concours est de comparer ce qui n’est pas comparable : d’une part parce qu’un violon classique est l’expression d’une interprétation personnelle dans un domaine très restreint (dans de nombreux concours, si on ne construit pas son violon sur un modèle Stradivari de la période d’or, on a déjà perdu).

A supposer que le luthier participant maîtrise son métier, son violon est alors l’expression de ses goûts personnels.
Quant au jury, eux aussi se prononcent sur leur goût, ou sur une mode, ou sur une approche académique arbitraire. (Si ce n’est téléphoné d’avance…)
Et les goûts, comme on l’apprend déjà aux enfants, ça ne se discute pas ! c.q.f.d.

Plus de preuves ? Les violons de Paul Kaul, qui ont été inondés de récompenses dans la première moitié du vingtième siècle, sont aujourd’hui quasiment invendables. Sont-ils mauvais ? Non, mais ils constituent une approche très particulière qui est passée de mode.

Encore une preuve ? Les violons de Guiseppe Guarneri « del Gesù » sont aujourd’hui les plus cotés du monde, dépassant même celles de Stradivari. Or, durant sa vie, contrairement à ce dernier, Guarneri ne semble avoir vendu aucun violon à un musicien illustre…