Lors du congrès des luthiers de l’ALADFI en 2008, j’ai assisté à une conférence du scientifique Japonais Eiichi Obataya à propos des influences du viellissment et de différents traitements chimiques sur le bois. Outre la conclusion (que je trouve personellement très rassurante) que ni l’age, ni l’homme sont capable de rendre cette matière naturelle miraculeuse qu’est le bois, meilleur qu’il n’est de toute façon, il y était aussi question de comment on pourrait influencer le moins possible les propriétés du bois de résonance par un traitement de surface.
La solution proposé par Mr Obataye se trouve à des années lumière de la lutherie classique – la seule matière examinée qui a à peu près les mêmes propriétés acoustiques que le bois était l’Urushi, laque japonaise opaque, dure et plutôt épaisse que l’on trouve par exemple sur l’art de table traditionnel du Japon. Autre utilisation: appliqué en de nombreuses couches sur du papier ou du tissu, on s’en servait pour fabriquer les écailles qui constituaient les armures des Samuraï !
Les vernis habituellement utilisés en lutherie (vernis à base de résines naturelles, au solvant gras, essentiel ou à l’alcool), bien que fins et souples, amortissent tous les vibrations du bois de résonance. Sur les violons classiques, cet amortissement est certainement un facteur qui contribue à leur couleur de son charactéristique.
Pusique le Neolin est sensé avoir une couleur de son autre que les violons classiques, l’idée d’utiliser un vernis aux mêmes propriétés acoustiques que le bois de résonance était donc plus que tentant !
L’Urushi à l’état pur est une résine qui sort d’un arbre de l’est asiatique – cette résine est juste filtré, même pas besoin de solvant ! Elle polimérise (sèche, durcit) par des humidités ambiantes dans les alentours de 75%. Une fois sèche, elle devient quasiment indestructible: Elles a une très grande résistance physique, et une résistance totale au chaud, au froid, aux acides, à l’alcool, ainsi qu’a tous les solvants. Parfait donc pour protéger un instrument de scène ! Grand inconvénient: Avant que l’Urushi ne soit figé, environ 80% des gens manifestent une allergie cutanée violente au moindre contact avec la laque liquide – et bien, du bol, je fais parti des 20 autres % !
L’Urushi existe en transparent couleur caramel en version vernis essuyé, extrèmement fin. Je n’ai malheureusement pas encore trouvé de bouche-pores qui empèche complètement l’Urushi de pénétrer dans le bois. En polymérisant, l’Urushi devient très foncé, le bois se retrouve alors taché. Appliqué au pinceau, l’Urushi existe en version rouge et noire (coloré avec des pigments), Il est donc possible de faire des instruments de ces deux couleurs là, ou en bi-color comme sur la photo, avec une finition mat, satiné ou brillante (beaucoupo de travail pour la finition brillante !).
Côté son, c’est effectivement très intéressant ! Par rapport au Neolin version standard, le son semble avoir d’avantage d’harmoniques aigus. Il perd un peu de son grain pour être plus clair. Bientôt plus d’info sur ce qui se passe en détail avec le son dans la rubrique “Neolin / analyse sonore”.
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