Violon 5 cordes, cinq cordes, ou quinton
Le violon 5 cordes, ou quinton, a le vent en poupe. Il offre aux violonistes à la recherche de graves (ou aux altistes à la recherche d’aigus) la possibilité de combiner les possibilités (et dans une moindre mesure la tessiture) de deux instruments en un seul.
Le quinton existe depuis la fin du 18ème, où il a connu une courte période de gloire notamment en France et en Allemagne, tout comme son pendant, le violoncelle piccolo.
Si dans la famille des violons, on en est revenu à un nombre de cordes réduites par rapport à la famille des gambes, c’est que moins de cordes, plus tendues, donnent un son plus riche en harmoniques, et surtout plus puissant. Ainsi, la cinquième corde sur un coffre de violon a tendance à « bouffer » un peu de son – ce qui explique probablement l’abandon relativement rapide du quinton historique. Il faut dire aussi qu’en dehors de compositions originales, il n’y avait pas vraiment d’intérêt à en avoir, car le spectre sonore était déjà bien reparti entre les quatre représentants de la famille des violons – contrebasse, violoncelle, alto et violon.
Cela a changé au vingtième siècle, avec l’adoption du violon par des styles musicaux tel le jazz, le rock, puis le métal, l’électro etc., où l’on n’a que rarement l’occasion d’intégrer toute la panoplie dans un groupe, mais où l’on ne veut pas se priver pour autant de la tessiture particulière du violon dans des registres plus graves.
Familiarisé avec le violon cinq cordes depuis une vingtaine d’années, il est a mon avis une mauvaise idée de juste vouloir ajouter une cinquième corde de do sur un violon (qui aura un son plat et râpeux), ou une cinquième corde de mi sur un alto (qui sera trop tendue et stridente). Il faut traiter le quinton des temps modernes comme un instrument à part entier. Ainsi faut-il donner un peu de volume de coffre supplémentaire tout en gardant la longueur de cordes vibrantes, pour plus de confort de jeu et pour éviter une perte des repères. On peut obtenir cela facilement en augmentant la hauteur des éclisses, et surtout en partant sur une forme asymétrique agrandie du côté des graves, ce qui contribue par ailleurs grandement à l’équilibre du son. En effet, le violon est asymétrique par défaut, avec sa barre d’harmonie d’un côté, et l’âme de l’autre. Cela ne se voit pas de l’extérieur, car à l’époque baroque qui a vu naître le violon, l’asymétrie était hérésie – aujourd’hui, on a le droit !
De même, il convient de donner un peu plus de levier à la barre d’harmonie en la posant plus vers l’extérieur, ce qu’on obtient par un agrandissement de la « poitrine », écartement des ouïes, ce qui par ailleurs permet la pose d’un chevalet légèrement plus large ce qui en retour rend possible de retrouver un écart entre les cordes assez standard.
Finalement, on peut favoriser des voûtes qui donnent plus de graves – une voûte plutôt plate et tendue pour un son direct typé « alto », ou, ma préférence, une voûte type « tunnel » avec une sorte de crête arrondie, qui en plus de cela donne des harmoniques plus complexes. À l’autre bout du violon, des modifications s’imposent également – La touche doit être légèrement plus large au sillet du haut, pour permettre de retrouver un écartement entre cordes pas trop étroit, tout en évitant de trop s’approcher des bords de la touche avec les cordes extérieures.
Ainsi, j’ai créé des quintons sur base de grands violons (coffre de 36 cm et plus, hauts d’éclisses, ouïes écartées) anciens, qui marchent vraiment bien. Pour les quintons basé sur le violon electro-acoutisque Neolin, je recours à une astuce supplémentaire : Inspiré par la construction de guitare, sa table est plus fine en dehors de la zone de sollicitation centrale, et renforcé par des petites barrettes diagonales. Cela « tire » le son davantage vers les graves, ou plutôt les fondamentales, avec des harmoniques très égales qui sortent bien à l’amplification.
Ce qui nous amène au dernier point, l’amplification : Les harmoniques très complexes et aigus ne sont le fort ni des pick-ups, ni des amplis. Cela nous arrange – la fréquence relativement grave du do convient parfaitement à la grosse membrane basse de la plupart des amplis. Ainsi, même une corde de do beaucoup plus courte et moins tendue que sur un alto, développe un joli son bien rond et gras en sortant de l’ampli. Ça tombe bien – beaucoup de quintons modernes sont amenés à être joués dans un environnement amplifié.
En conséquence, le violon électrique Electrolin en version cinq cordes s’est tout de suite imposé comme un évidence !
Je propose des quintons à partir de 1260 Euros sur base de petit alto 36 cm de manufacture chinoise. Comptez entre 2500 et 6000 pour un ancien transformé (selon le “pédigré” et l’état du violon d’origine), et à partir de 3126 Euros pour un quinton de ma fabrication basé sur le modèle du Neolin. Quant à l’Electrolin en version 5 cordes, vous pouvez en devenir l’heureuse propriétaire à partir de 2500 Euros.